Pétition pour la conservation de l’église Notre-Dame de l’Espérance (Villeurbanne)

Pétition pour la conservation de l’église Notre-Dame de l’Espérance (Villeurbanne)

Notre-Dame de l’Espérance.

Aussi vrai que l’espérance est un concept universel et porteur d’avenir, jamais il ne devrait être permis à quiconque de se voir ôté d’espérer.

C’est sans aucun doute de plus prosaïques pensées que je ruminais, il y a de cela quatre à cinq ans, quand en quête d’un abri de fortune, je rodais dans les parages de cette église méconnue, perdue au beau milieu de la rue Francis de Préssensé. Vaquant dans le secteur à mes nobles occupations d’intérimaire (exploité), je lorgnais très favorablement à l’heure de la pause du coté de son porche amène qui nous garantirait des intempéries, moi, mon casse-croûte, et mes indéfectibles envies de sieste. L’église et son porche d’ailleurs, en m’accordant leurs faveurs sans que jamais je n’aie trouvé à m’en plaindre ce jour-là, ni aucun des suivants, paraissaient me payer d’une splendide réciprocité de sentiment. Toujours là, à la même heure.

J’ai redécouvert tout récemment le souvenir de cette église, et cette Madeleine de Proust m’a causé bien du dépit : Son passé me revenait cependant que son devenir paraissait sévèrement compromis.

Gardez-vous de la juger fort laide, fort triste ou de lui trouver les pieds carrés. Cette église est l’héritage du Corbusier par son disciple Genton, lequel dota en 1966 l’humble paroisse au carrefour des rues Anatole France et Francis de Pressensé de volumes qui entrèrent en résonance avec la modernité. Je ne prétendrais jamais pourtant qu’il faille abandonner aux émérites érudits et autres techniciens lampadophores les termes du bon gout et du jugement esthétique, ni assommer les foules avec un nom d’autorité. Je dis que la connaissance éclaire et qu’elle ne parachève jamais tout à fait chez personne sa besogne ni sa lutte.

Prenez alors, tendez les mains vers l’espérance. Non pas des mains bigotes mais des mains charitables, s’il vous plait, vous ferez mieux. Et prenez le temps de la regarder.

Et demandez-vous enfin si l’anticléricalisme est une marque d’engagement si nécessaire en notre début de XXIe siècle, spécialement quand il consiste à jeter à bas une église, c’est-à-dire une œuvre de paix et de rassemblement?

Moi qui ne présente le tort de n’être ni croyant, ni réactionnaire, ni identitaire, ai-je vraiment à prendre parole pour assurer qu’on peut n’appartenir à aucune de ces catégories et tenir à la pérennité d’un édifice fait pour durer et pour rassembler?

Non, soutenir une église ce n’est pas toujours faire preuve de sectarisme mais s’ancrer, puiser dans nos ressources pour esquisser un devenir commun, une trace, une mémoire, fédérer autour d’un croyance qui n’est plus cultuelle quand l’église d’ailleurs n’est plus au culte. L’église, c’est l’une des cartes de visite de la France, une parmi tant d’autres.

Comment alors voudriez-vous que ces gens ne crient pas à la dépossession,  à plus forte raison ici où, à deux pas des immeubles des usines Gillet, les habitants, les classes laborieuses, ont payé de leurs deniers son érection ?

Les immeubles Gillet au 1er plan. Au second plan, l’église.

Et les autres, ceux qui ne croient pas, n’ont jamais cru et ne croiront jamais, ceux-là ce sont les mêmes, car cette église c’est aussi la leur. Dans ce monde qui bouge sans savoir où il va, les gens ont besoin de conserver leurs repères, les marqueurs imprimés dans leur paysage culturel. Car même si cette église ne s’ancrait pas, ne puisait pas dans notre histoire la plus intime, comment souscrire avec tant de désinvolture à la condamnation d’un lieu qui porte la spiritualité, la spiritualité qui manque tant à nos têtes éprises et malades de rendement, de consommation et de matérialité ?

Alors il en va de cette église comme de tout autre lieu de culte. Nous voulons vivre ensemble, tous ensemble et en paix. Ce qui implique de ne fouler aux pieds le symbole d’aucune foi, de ne fouler ni celui-ci au bénéfice de celui-là, ni celui-là au profit de celui-ci. Le respect se nourrit de réciprocité, aussi nous n’avons nul besoin de sacrifier, de consacrer à aucun autel, le signe spécifique des uns au profit de celui des autres. Aucune idéologie soucieuse de progrès n’exige de telle démonstration de force.

Au contraire, elle se doit de rassembler, rassembler tout le monde, pour se ménager un avenir. Nous voulons donc que notre ville conserve les pierres qu’ont posées les générations qui nous ont précédés, qui croyaient, qui ne croyaient pas, mais qui ont œuvré ensemble, et que ses œuvres fassent sens commun. On ne rassemble pas les gens en tirant à boulets rouges sur un symbole attaché à une communauté, quelle qu’elle soit. Nous voulons vivre ensemble tout simplement, parce qu’il n’existe pas de choix plus raisonnables et salutaires. Et ce n’est pas d’une telle marque de dédain que nous avons besoin.

Qu’elle continue donc à rassembler, l’Espérance, entre ces murs. N’importe la manière : un autre culte, une autre œuvre, une école ou même une association, mais qu’elle continue à rassembler. Et qu’une tête aussi bien faite que celle qui l’a produite hier, lui pense aujourd’hui une suite.

 

Pétition de l’asso Cadre de vie et patrimoine, en ligne : Ici.

Plus d’infos sur l’église par Mélanie Meynier, doctorante et confrère, sur le site du Rize +

 

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